Pont d’Hauterive et Pont de Chésalles
Participation au concours de projets
Publiée le 15-05-2020 à 14:47


En fin d’année passée, notre bureau a participé à des concours de projets pour la construction de deux ponts pour la liaison routière Marly-Matran dans le Canton de Fribourg. Nous partageons ici un aperçu des études que nous avons menées.


Pont d’Hauterive
Et au milieu coule une rivière

Pour ce premier projet, nous avons choisi notre devise, Et au milieu coule une rivière, en référence au fameux film américain réalisé par Robert Redford et la passion pour la pêche à la mouche de son héros.

D’une longueur totale d’environ 800 mètres pour une largeur de presque 15 mètres (trafic bidirectionnel avec voie d’accotement + mobilité douce), le tracé de l’ouvrage décrit une courbe enjambant un méandre de la Sarine, une zone alluviale d’importance nationale et l’ancienne décharge de la PILA.

Notre réflexion a consisté à trouver les meilleures solutions pour préserver et valoriser les grandes qualités paysagères de ce milieu naturel, pour respecter la tranquillité visuelle et auditive des sites avoisinants (habitations, site archéologique et ancienne abbaye cistercienne) et pour développer un ouvrage rationnel et élégant.

D’un point de vue structural, la contrainte de devoir enjamber La Sarine sans appui intermédiaire, soit une portée de plus de 150 mètres, ainsi que la hauteur des piles dans la partie centrale du tracé (environ 40 mètres), nous ont conduit à limiter à 3 le nombre de piles dans la zone centrale de l’ouvrage (sur une longueur de près de 500 mètres). De part et d’autre de cette partie centrale, la topographie ainsi que la réduction des restrictions justifient le recours à de plus faibles portées, que nous avons fixées à environ 35 mètres, avec un tablier de très faible épaisseur sur des piles centrales.

La face inférieure du tablier, très visible par les promeneurs, est dépourvue d’installations techniques suspendues. Le traitement de son coffrage est imaginé très lisse afin de lui conférer un caractère réfléchissant qui permettra à l’ouvrage de mieux s’intégrer dans le paysage.

Des lames verticales ont été choisies pour ces dispositifs, afin de laisser apparaître la finesse du tablier depuis l’extérieur et d’offrir une vue sur le paysage aux usagers du pont. Un jeu de lumière et de transparence se met ainsi naturellement en place.

Une combinaison de facettes subtiles crée un jeu d’ombres sur l’ouvrage et le dispositif de retenue, ce dernier induisant un mouvement dans la profondeur/longueur du pont selon une variation géométrique de la position du pli.

Le traitement des piles a été conditionné par les contraintes structurales et se présente comme une réponse simple et efficiente à ces contraintes.

 

Pont de Chésalles
Travêcha

Travêcha signifie « à travers champs » en patois fribourgeois. Par le choix de cette devise, nous avons choisi d’affirmer l’importance du site et du paysage dans le cadre de notre proposition de projet.

L’ouvrage doit s’inscrire dans un paysage de beaux champs agricoles typiques de la campagne fribourgeoise, traverser une petite forêt, enjamber un cours d’eau souterrain où des piles ne peuvent être placées et côtoyer une ligne aérienne à haute tension qui ne peut être déplacée.

Toutes ces caractéristiques pourraient être considérées comme des contraintes lorsqu’il s’agit de projeter un pont routier, mais nous avons plutôt préféré les considérer comme de vraies richesses paysagères dans le cadre de la conception de ce nouvel ouvrage.

La topographie du site nous ont donc conduit à opter pour un pont poutre sur cinq appuis (trois piles centrales et deux culées), avec deux portées de 60 mètres et deux portées de 45 mètres. L’une des trois piles intermédiaires a été placée à l’intérieur de la zone de la forêt, ce qui procure à l’ouvrage la particularité de se présenter avec 2 ou 3 piles selon l’endroit d’où il est observé. Le traitement des piles a fait l’objet d’un soin tout particulier avec pour volonté de concevoir des éléments élancés, à section variable et avec des facettes qui réagissent selon l’orientation de la lumière.

La variation de la largeur du caisson du tablier est issue de la lecture du diagramme des moments de flexion qui présente des moments sur appuis environ 2,5 fois plus importants que ceux en travée. L’élargissement de largeur sur appui permet de conserver de faibles épaisseurs du caisson dans la zone comprimée (aile inférieure) alors qu’en travée, cette partie du caisson est tendue et ne nécessite pas autant de matière, justifiant ainsi son rétrécissement.

L’élargissement du caisson sur appui a également orienté notre réflexion sur la forme des piles qui présente un langage commun avec les variations du tablier. La liaison entre le tablier et les piles sur une largeur de 8 mètres permet de reprendre efficacement les effets de torsion alors que le rétrécissement des piles au sol, sur une largeur de 3 mètres (même largeur que le caisson en travée), permet de limiter au strict minimum leur emprise au sol.

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